Mécanisation agricole
La mécanisation agricole a un rôle essentiel dans la réussite du Plan Maroc vert, en raison de son impact sur l’amélioration des techniques de production et l’augmentation de la productivité dans l’ensemble des filières agricoles. L’objectif du ministère de l’Agriculture est de porter l’indice de mécanisation, actuellement de 0,4 cheval par ha à 1 cheval à moyen terme et ce conformément aux meilleurs standards internationaux.
Un diagnostic réalisé sur la Stratégie Nationale de Mécanisation Agricole (SNMA) pour le compte du Ministère de l’Agriculture, élaborée avec l’appui technique de la FAO, a montré que l’Etat a fait beaucoup d’efforts pour promouvoir la mécanisation agricole, sauf que ces actions n’ont pas suivi une vision claire et continue et ont subi plusieurs changements au cours des quatre dernières décennies en fonction des sécheresses et des changements des orientations politiques. En plus, les petits agriculteurs n’ont souvent pas bénéficié des mesures d’incitations pour diverses raisons (procédures difficiles, difficultés d’accès au crédit, difficultés de remboursement,….). Par ailleurs, cette filière transverse a toujours été gérée par plusieurs services sans que l’un d’entre eux en soit réellement responsable. D’un autre côté, la politique macroéconomique concernant le secteur des technologies et des machines agricoles (taux de change, taux d’intérêt, taxation, tarification à la frontière,…), si elle a permis d’améliorer légèrement le degré de mécanisation du point de vue amélioration de la puissance à l’hectare, elle n’a pas permis d’assurer la qualité de cette mécanisation et son adaptabilité aux conditions locales. Ceci, n’a pas été favorable au développement d’une recherche dans ce domaine et par ricochet n’a pas été en faveur du développement d’une industrie de fabrication du matériel localement. Cette dernière continue de souffrir de deux concurrences, celles du secteur formel et celles du matériel agricole subventionné.
L’avènement du PMV a constitué un tournant dans la politique de modernisation de l’agriculture du pays, par les objectifs qu’il a fixé à moyen et long terme et par les garanties et encouragements qu’il offre aux agriculteurs et aux investisseurs et les opportunités de partenariat. L’amélioration des procédures et des taux des subventions accordées au matériel agricole a permis de booster les ventes de matériel agricole. Cet effort, devrait être poursuivi et soutenu pour satisfaire les besoins en matériel agricole classique. Mais, également dans le sens des petits agriculteurs (pilier II), en particulier ceux qui ne seront pas agrégés dans les zones d’oasis, de montagne, de bour (agriculture pluviale) défavorable et même, mais dans une moindre mesure, dans les zones réputées favorables.
Le dynamisme induit par le PMV est en train de provoquer une mutation dans le domaine de la mécanisation par les nouvelles opérations mécanisées (récolteuses d’olives), les nouvelles machines (récolteuses des plantes sucrières) et les nouveaux outils introduits (vibreurs portatifs) ainsi que la percée de certains engins et équipements (tracteurs agricole, matériel d’irrigation localisée, matériel de traite,…). Cependant, plusieurs insuffisances subsistent dans la qualité d’utilisation du tracteur et du matériel (faible durée d’utilisation annuelle, faible diversification, utilisation non raisonnée du point de vue des réglages, du mode opératoire et du point de vue du timing).
Le secteur de l’importation et de la distribution du matériel agricole est bien structuré. Par contre le secteur de la fabrication locale est encore modeste et souffre de contraintes d’ordre fiscal, financier et de concurrence du secteur informel. Aussi, faute d’une recherche nationale forte pour l’appuyer, ce secteur reste-t-il confiné dans la fabrication de matériel conventionnel. Pour la maintenance, hormis les professionnels qui disposent de réseaux structurés dans les villes, elle est assurée dans les villages et les petites agglomérations par des artisans réparateurs généralistes qui manquent d’outillage et de ressources mais pas toujours de compétences dans le domaine.
En ce qui concerne l’évolution de la mécanisation à court, à moyen et à long termes, elle devra impérativement suivre le rythme impulsé par le PMV et suivre ses orientations et accompagner ses objectifs en termes de superficies emblavées ou plantées et en termes de production à récolter et à conditionner et/ou à stocker au niveau de l’exploitation. Les besoins à l’horizon 2020 sont évalués à 98 500 tracteurs (plus de 5600 unités à importer annuellement), 256 000 outils d’accompagnement, 17 100 moissonneuses batteuses, plus de 22 600 vibreurs portatifs, plus de 8 000 vibreurs tractés et environ 3 500 récolteuses d’olives, en plus d’autres outils et équipements de production végétale, animale et de post récolte, tant motorisés que ceux à traction animale.
L’ensemble de ce matériel, ainsi que l’opérationnalisation de la présente stratégie nécessitent des ressources humaines spécialisées estimées à 110 000 opérateurs, 53 000 mécaniciens, 27 000 techniciens et plus de 450 ingénieurs à l’horizon 2020.
L’énergie n’est pas du reste, le parc de matériel agricole consommera environ 1,5 millions de tonnes de gasoil, soit une augmentation moyenne annuelle de 55 000 tonnes. Cette demande devrait à moyen terme être substituée en partie par les énergies renouvelables, en particulier pour les machines stationnaires (pompage de l’eau d’irrigation, équipements utilisés à la ferme). Comme pour les engins routiers, à long terme, les engins agricoles roulants ont besoin d’une attention particulière de la part de la recherche en vue de développer des énergies de substitution à l’énergie fossile.
L’orientation de l’agriculture actuelle vers un modèle conservatoire du sol, de l’eau et de l’énergie est une obligation est non un choix. C’est une tendance mondiale qui se développe face aux changements climatiques, à la crise de l’énergie, à la dégradation de plus en plus irréversible des l’environnement.
Un autre dossier aussi important que les précédents, est celui de l’encouragement à l’industrie de la fabrication locale. Cet appui devra se focaliser sur leur accompagnement par la recherche, la mise en place d’instruments de politique commerciale à même de réduire les coûts et faciliter l’accès aux matières premières et matériaux utilisés dans l’industrie, l’accès au financement, primes d’investissements,…
Enfin, l’opérationnalisation de la présente stratégie, la coordination, le suivi et le contrôle des projets et des actions proposées ne pourront se faire de manière efficace et concertée sans l’institutionnalisation d’un espace de dialogue, de réflexion et de veille, il s’agit de la Commission Nationale de la Mécanisation Agricole (CNMA). Tous les acteurs publics et privés : les différents départements gouvernementaux, les OP des agriculteurs, des importateurs, des fabricants, des conseillers, des entrepreneurs de travaux à façon, des chercheurs et des enseignants, y siègeront.
Source : Projet FAO/TCP/MOR/3301