Pastèque : Grandes avancées technologiques
Au Maroc, la pastèque est une culture traditionnelle pratiquée depuis très longtemps. Au cours des 50 dernières années sa culture a suivi une tendance haussière régulière en termes de superficies, de tonnages ou de rendements. Bénéficiant d’avancées technologiques importantes (greffage, goutte à goutte, fertilisation maîtrisée, …), elle a même connu, au cours des années 2000, un fort développement.
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La production de pastèque se fait presqu’exclusivement en plein champ. Sauf de rares exceptions, l’irrigation au goutte à goutte est quasi généralisée, et les producteurs ont de plus en plus recours aux nouvelles techniques de fertilisation (engrais organiques, acide humique, fertilisation minérale avec NPK et oligo éléments, etc.).
Choix Variétal
L’utilisation de semences et de porte-greffes performants est la base de la réussite de la culture de la pastèque. Les variétés actuellement disponibles sur le marché marocain sont différenciées les unes des autres par la forme, la couleur de l’écorce, la couleur de la chair, la précocité, la résistance aux maladies et la résistance au transport (écorce assez rigide). Pour le producteur, plusieurs critères doivent orienter le choix de la variété :
– La période de la plantation (variétés précoces ou tardives)
– L’historique du marché et la prise en compte de la campagne précédente
– Le rendement et la qualité gustative
Globalement, le producteur vise un rendement supérieur à 70-80 tonnes/ha, un gros calibre (15-20 kg) et une qualité interne répondant aux exigences du consommateur (coloration, fermeté de la chair, bonne tenue, taux de sucre élevé…).
A noter que la pastèque greffée a connu un grand essor au Maroc et concerne actuellement 90% des surfaces. La durée de préparation d’un plant greffé au niveau de la pépinière varie entre 50 et 65 jours. Le greffage permet d’isoler la plante sensible (greffon) du sol infesté en remplaçant ses racines par celles d’une plante résistante (porte-greffe). Cette dernière peut ne pas être de la même espèce, genre ou de la même variété que la plante greffée. Le greffage se présente comme une réponse aux difficultés de production et offre de nombreux avantages :
– Meilleure vigueur de la plante.
– Résistance au froid et à la salinité
– Homogénéité
– Meilleur calibre des fruits tout au long de la production.
– Tolérance ou résistance aux Nématodes.
– Résistances aux différentes races de fusarioses, verticilliose et aux pythium.
– Principale alternative au bromure de méthyle.
– Adaptation à certains types de sols
– Grand pouvoir de régénérescence de nouvelles racines
– Durée de production prolongée
Le porte-greffe doit être choisi en fonction du type de sol afin d’éviter les accidents physiologiques et l’éclatement des fruits. L’utilisation de porte-greffes appropriés minimise considérablement les risques de contamination par les maladies du sol. Néanmoins, les semenciers restent attentifs au développement de nouvelles maladies et proposent du matériel répondant le plus possible aux besoins des agriculteurs.
Evolution des superficies de pastèque (greffée) au Maroc durant les cinq dernières années:
Campagne | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 |
zone Sud | 600 | 800 | 1600 | 2500 | 4500 |
Souss | 3000 | 2800 | 2500 | 2000 | 1700 |
zone Centre | 4000 | 4500 | 5000 | 3000 | 2600 |
Gharb | 2500 | 2000 | 2200 | 1800 | 2000 |
Oriental | 1000 | 1500 | 1800 | 2300 | 3000 |
total | 11100 | 11600 | 13100 | 11600 | 13800 |
Source : d’après une étude du bureau d’étude Horti Engineering (HEN)
Les régions de production
Ces dernières années, la pastèque est sortie de ses zones traditionnelles de production pour conquérir de nouvelles contrées. On compte actuellement 5 principales zones de production :
La zone Sud :
Elle comprend les provinces de Zagora, Ouarzazate, Foume Zguid, Tazarine, Tinghir, Tata et Errachidia. Les plantations s’y effectuent généralement précocement de mi-décembre à mi-février, pour une production qui démarre à partir de mi-avril et qui se prolonge jusqu’à mi-juin. La superficie cultivée au titre de la campagne 2014 a atteint 4500 ha contre 2500 ha l’année écoulée, avec un rendement à l’hectare qui s’élève à 60 tonnes. La province de Zagora s’accapare la part du lion en production et en superficie, en particulier dans la localité d’El Faija.
La pastèque produite dans cette zone est réputée pour sa précocité et son goût bien apprécié par le consommateur marocain. La majorité de la production, environ 70%, est commercialisée hors de cette zone, notamment à Agadir, Casablanca et Marrakech, le reste étant écoulé dans les centres urbains et les souks hebdomadaires de la zone.
Dans ces provinces du sud, cette culture contribue grandement à la valorisation de la micro propriété oasienne et à la création d’un dynamisme économique. Ainsi, un hectare de pastèque permet de générer entre 60.000 et 75.000 dirhams net, de créer environ 50 journées de travail en plus de l’emploi indirect.
Malgré quelques inconvénients comme le manque d’eau, la salinité et le vent, cette zone jouit de nombreux avantages comme l’ensoleillement, la basse humidité de l’air, la précocité et la rentabilité, qui en font, de l’avis des professionnels, la meilleure zone pour la production de la pastèque au Maroc.
Selon les processionnels interrogés, la situation de déficit hydrique dont souffre la région serait due principalement à :
– l’absence des lâchées de l’eau du barrage El Mansour Eddahbi qui alimente la nappe phréatique du Oued Drâa
– au déplacement des agriculteurs de Taroudant et de Chichaoua dans cette zone pour investir et produire de la pastèque en fournissant aux producteurs de la région les semences, le paillage, les tunnels et les produits phytosanitaires, ce qui explique l’augmentation importante des superficies dans cette région (2500 ha en 2013 à 4500 ha en 2014).
Déroulement de campagne 2014
En général la campagne 2014 était moyenne pour le précoce et bonne pour le semi-précoce. Les plantations les plus précoces (décembre) ont connu des difficultés de nouaison. En plus de la faible charge de fruits par plant (rendement faible), l’entrée en production a coïncidé avec une période froide (avril) avec des prix moyens (2 dh/kg). Pour les plantations de mi-janvier à mi-février, la campagne pastèque était bonne avec des récoltes du mois de mai de bonne qualité gustative vendues à des prix très intéressants (4 à 5 dh/kg). Ensuite, les prix ont progressivement chuté à 1 dh/kg pendant le mois de juin, puis 0,40-0,80 dh/kg en juillet-août.
La zone du Souss :
Elle comprend les zones de Chtouka Aït Baha et Taroudant. La plantation y commence généralement vers mi-janvier et s’étale jusqu’à fin février alors que la production couvre la période allant de mi-mai à juillet. Lors de cette campagne, les producteurs ont du faire face à de nombreux problèmes de mildiou (Hygrométrie élevée), alternariose, pucerons et nématodes, ainsi qu’une mauvaise nouaison due essentiellement au mauvais déplacement des abeilles à cause du manque de luminosité. Au niveau commercial, d’après les producteurs, les prix de vente durant le mois de juillet ont été bons mais restent toujours plus bas par rapport à ceux obtenus par la fameuse pastèque de Zagora.
La zone du Centre :
La plantation dans cette zone qui couvre Marrakech, Chichaoua, l’Oudaya, Tadla et Béni Mellal, se fait généralement pendant le mois de mars. Quant à la récolte, elle commence vers début juin et se prolonge jusqu’à début août.
D’après les producteurs interrogés, la campagne était plutôt moyenne. L’excès de chaleur pendant les mois de juin, juillet et août, a eu un effet négatif sur la qualité de la production, et a entraîne des problèmes d’acariens, de jaunissement et d’éclatement des fruits. Ceci explique les mauvais prix obtenus à la vente (1 à 1,5 dh/kg). A cela s’ajoute la faible demande de la part des acheteurs qui préfèrent la pastèque de Zagora réputée pour sa qualité gustative et son calibre.
La zone de l’Oriental :
La superficie de production dans cette nouvelle zone qui comprend Nador, Zaiou, Saïdia, Berkane et Taourirte, est en évolution constante. La plantation s’y fait de mi-mars à mi-mai. La période de production s’étale généralement de mi-juin à mi-septembre. Bien qu’elle profite d’avantages comme l’abondance de l’eau (Moulouya) et la proximité du marché (toute la zone nord), cette région souffre malheureusement d’entraves comme l’absence d’encadrement des producteurs et le manque de précocité de la production. Ainsi, la récolte du mois de juin a été vendue à 3 dh/kg, mais juste après, les prix ont baissé pendant et après le mois de ramadan.
La zone du Gharb :
Les principales localités de production dans cette région sont : Moulay Bousselham, Sidi Allal tazi et Tifelt. Avec une plantation qui s’effectue de mi-avril à mi-mai, la récolte se fait généralement de mi-juillet à mi-septembre. L’abondance de l’eau est un atout pour cette zone, mais pendant les années à forte pluviométrie elle constitue un inconvénient majeur à cause des inondations (parcelles impraticables, stagnation des eaux…). Certaines localités du Gharb caractérisées par des sols sablonneux souffrent de problèmes de nématodes.
Cette année, bien que la pluviométrie ait été moyenne, la campagne a été catastrophique d’une part à cause du mildiou et, d’autre part, à cause des vagues de chaleur qui ont sévi à certaines périodes du cycle.
La zone de Doukkala Abda :
Encore dominée par les variétés standards, la pastèque cultivée dans cette région est caractérisée par 90% de plants francs et 10% seulement de plants greffés. Les principaux problèmes rencontrés sont : les virus, le manque d’eau et sa salinité (Oum Rabii).
Difficultés du secteur
La superficie cultivée ne cesse d’augmenter et la baisse des prix de vente se poursuit d’année en année. En effet, le marché ayant une capacité d’absorption limitée, l’entrée en production simultanée des différents terroirs s’accompagne souvent d’une chute des prix, reflétant les difficultés de commercialisation. De plus, les intermédiaires font chuter les prix encore plus, ce qui aggrave le problème à l’échelle nationale. Par ailleurs, plusieurs facteurs contribuent à une augmentation significative des coûts de production, notamment :
– la généralisation du greffage,
– la hausse des prix des intrants (engrais, produits phytosanitaires, plastique…) et de l’énergie.
Selon certains observateurs du marché, la solution résiderait dans l’organisation des agriculteurs dans le cadre de coopératives et d’associations afin de bloquer les intermédiaires, et permettre aux producteurs de commercialiser leurs produits dans de meilleures conditions. Il faut aussi les sensibiliser à l’importance de l’échelonnement du calendrier de semis et du choix des variétés les plus adaptées à la zone et à la période de plantation (précocité, tardiveté).
Densité de plantation
La densité la plus utilisée :
– en greffé est de 2000 à 2500 plant/ha,
– en franc est de 5000 à 7000 plant/ha.
Récolte de la pastèque
Pour offrir au consommateur des pastèques de bonne qualité, le producteur doit veiller à récolter les fruits à leur stade de maturité optimal. Pour cela, il doit faire attention à un certain nombre de points :
– L’épiderme passe du vert clair au vert foncé.
– Le dessèchement de la vrille axillant le fruit.
– La résonance sourde du fruit au frappé.
– Un Indice réfractométrique supérieur à 10.5.
– Une conservation entre 13 et 15 °C et une H.R de 80 à 85%. Pour une plus longue conservation, la température recommandée est de 7 à 10°C.
L’organisation de visites sur le terrain reste le meilleur moyen de les convaincre les producteurs, dont la plus part sont de fins connaisseurs, de la qualité d’une variété »
Maladies et ravageurs de la pastèque
Les champignons :
Champignon appelé aussi “Blanc” : cette maladie se caractérise par la formation d’une pellicule blanche (aspect farineux) sur les feuilles, les tiges ou les jeunes rameaux.
– Fusariose
– Rhizoctonia
– Mildiou
– Alternariose
Les virus :
– Virus de la nécrose du melon MNSV
– Virus de la mosaïque jaune de la courgette ZYMV
– Virus de la mosaïque du concombre CMV
Ravageurs :
Les chrysomélidés, la coccinelle du melon, la pyrale du melon, la mouche de fruits, la mineuse des feuilles, la mouche blanche, les thrips et les pucerons.
Production de pastèques dans le monde
Chaque seconde, ce sont près de 3 tonnes de pastèques qui sont produites dans le monde soit plus de 95 millions de tonnes produites chaque année.
Le marché de la pastèque
La Chine est de loin le pays produisant le plus de ce fruit sucré et très désaltérant qu’est la pastèque. A lui tout seul, il comptabilise une production annuelle dépassant les 68 000 000 de tonnes, soit plus de 70% de la production mondiale.
Loin derrière, en seconde position et avec une production d’un peu moins de 4 millions de tonnes, on retrouve la Turquie.
Le reste de la production se répartit un peu partout dans le monde :
Asie avec l’Iran, le Kazakhstan, la Russie et la Corée du Sud
Europe avec la Grèce, l’Espagne et l’Italie
Afrique du Nord avec le Maroc et l’Egypte
Amérique avec les Etats-Unis, le Brésil et le Mexique
Les variétés les plus cultivées au Maroc en 2014 étaient :
– Delta (prograines), variété semi précoce, 75% du marché
– Cherif (Agrin Maroc), variété précoce, 20% du marché
– 5% le reste des variétés : Dumara et Caravane (Nunhems)