Récolte des agrumes
Les précautions à prendre
Les agrumes sont des fruits fragiles et l’on doit apporter le maximum de soins à leur cueillette. S’ils sont cueillis, manipulés, transportés sans précaution, une grande partie de la récolte sera refoulée à l’exportation et écoulée à bas prix sur le marché local. De plus, des blessures légères, invisibles au moment du conditionnement, causeront la pourriture de lots importants de fruits et déprécieront la renommée des agrumes sur les marchés étrangers.
Phase préparatoire
La récolte des agrumes est une opération qui se prépare bien avant le coup d’envoi de la campagne.
Ramassage des fruits
Dès que l’on entame la lutte contre la mouche des fruits, en septembre, les ouvriers chargés de l’entretien des gobe-mouches reçoivent la consigne de procéder au ramassage de tous les fruits tombés. Ceux-ci sont immédiatement détruits ou utilisés pour l’industrie. Abandonnés sur le sol, ils ne tarderaient pas, après avoir, le cas échéant, libéré les larves de mouche, à devenir le siège de moisissures dont les spores dispersées par le vent, constitueraient de multiples foyers d’infection que la plus petite blessure des fruits rendrait virulents.
Détermination de la maturité
La récolte a lieu quand les fruits ont atteint un développement suffisant et lorsque les poils charnus des quartiers sont suffisamment gorgés de jus. On teste la quantité de jus (en % du poids de l’échantillon) afin de décider de la récolte. Un test du sucre et de l’acidité permet de calculer un indice de maturité, (IM) qui confirme la qualité gustative de l’agrume. La cueillette a lieu lorsque les fruits sont parfaitement ressuyés de la rosée matinale pour éviter au maximum l’oleocellosis (accident physiologique).
Les fruits à récolter doivent être conformes aux normes exigées, notamment :
– La couleur : joue un rôle important dans l’évaluation de la qualité. Il faut respecter le niveau de maturité et de coloration requise par l’espèce et la variété concernée.
– La teneur en jus : augmente avec la maturité du fruit. Si elle est supérieure à 40 %, le fruit est alors conforme.
– L’indice de maturité est un critère d’appréciation de la qualité organoleptique du fruit. La maturation est essentiellement marquée par l’accroissement de la teneur en sucre du jus (E) et la diminution de son acidité (A).
Moyens logistiques et humains
Le bon déroulement des récoltes est étroitement lié à la disponibilité d’une infrastructure logistique adéquate, en bon état de marche et adaptée aux conditions de l’exploitation. Le producteur doit procéder à un recensement de son outillage, de son matériel roulant, améliorer l’état des pistes de circulation et aménager des hangars pour un éventuel stockage.
Les besoins en main d’œuvre doivent être évalués selon la taille de l’exploitation et son emplacement afin que les ouvriers puissent être recrutés et opérationnels à la veille du démarrage de la récolte.
La récolte proprement dite
La valeur de la récolte obtenue après tant d’efforts peut être gravement compromise par une opération de cueillette mal exécutée, d’où l’importance capitale à donner à l’encadrement technique de cette opération pour valoriser au mieux la production.
La récolte se fait manuellement à l’aide de pinces ou sécateurs bien aiguisées pour permettre une coupe nette. En coupant le pédoncule à ras et en gardant le calice lié au fruit on vise à conserver sa valeur commerciale. Pour la préservation du calice, en vue d’éviter leur pourriture, les fruits récoltés sont mis dans des seaux à moitié remplis d’eau qui sont ensuite vidés délicatement dans des caisses en plastique. Il faut respecter le niveau de maturité et de coloration requise par l’espèce et la variété concernée. La gestion des caisses est un point crucial pour éviter l’écrasement des fruits.
La cueillette pourra être sélective pour répondre aux exigences de certains programmes en matière de calibre et de coloration, où lorsque la parcelle présente des taux d’écarts élevés.
Organisation des chantiers
Le chantier de récolte doit être assisté par un chef de chantier dont le rôle est l’organisation, la vérification de la qualité de l’opération et la sanction au cas de défaillance. Le cueilleur doit être capable de suivre correctement les consignes de cueillette, à savoir :
- la manipulation du fruit avec délicatesse ;
- la coupe du pédoncule au ras du fruit ;
- la préservation du calice ;
- le ballottement par les genoux à éviter.
Matériel de récolte
L’opération récolte nécessite un ensemble d’outils et d’accessoires :
– Les pinces de cueillette doivent être bien aiguisées pour permettre une coupe nette, sans lacération du pédoncule.
– L’usage des sacs présente l’inconvénient du ballottage des fruits par les genoux des cueilleurs.
Les fruits fragiles destinés au déverdissage présentent alors des tâches d’oléicellose augmentant les taux d’écarts de triage.
– Les seaux en plastique (propres et en bon état) constituent le meilleur moyen de cueillette.
– Les échelles, qui sont indispensables pour la cueillette des parties hautes de l’arbre, doivent être légères, faciles à déplacer, munies d’un support et d’un crochet pour recevoir le seau
– Les caisses de ramassage doivent être en nombre suffisant, en bon état pour éviter de blesser les fruits et désinfectées régulièrement pour réduire les spores et moisissures. Elles ne doivent jamais être remplies à ras bord afin d’éviter l’écrasement des fruits lors de leur empilement.
Récolte par temps pluvieux
Les producteurs se risquent parfois à récolter sous la pluie. Dans ce cas, les fruits deviennent vite turgescents et le moindre choc endommage les cellules oléifères, entraînant l’apparition des tâches d’oléocellose. Il est donc recommandé de ne jamais récolter sous la pluie et d’observer un temps de ressuyage d’au moins 2 jours après l’arrêt des pluies ainsi que d’observer un autre temps de ressuyage à la station pour s’assurer de la salubrité des fruits.
Lieux de stockage
Des problèmes de dernière minute, comme des changements de programmation, des retards de transport ou des encombrements de station, obligent parfois le producteur à stocker les fruits récoltés.
Il est recommandé de ne jamais stocker les fruits à l’air libre car l’exposition solaire provoque leur ramollissement. Ces fruits doivent être mis à l’abri dans des hangars préalablement chaulés et préparés pour cette opération. Par contre, les fruits destinés au déverdissage, doivent être acheminés vers les chambres de déverdissage dans les plus brefs délais.
Estimation des rendements
L’évaluation de la récolte sur pied demande une assez grosse expérience. Les débutants arriveront à une approximation acceptable en comptant les fruits d’un arbre moyennement chargé et en effectuant les multiplications nécessaires pour aboutir au tonnage par hectare.
En savoir plus :
AVFA. « les agrumes » brochure de vulgarisation
Fourtassi.M, : «Récolte des agrumes pour déverdissage et conditionnement et importance des écarts de triage» document
Rebour.H : « Les agrumes » Ed J.B. Baillière et fils