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Arboriculture : Tordeuses ou carpocapse en verger

Précisions sur les Tordeuses

le Carpocapse serait-il seul en cause ?

Prof. Hmimina M’hamed, IAV Hassan II – Rabat

 

Les journées d’information auxquelles les professionnels sont conviés ouvrent des discussions parfois utiles sur ce qui se passe sur le terrain. En parallèle avec les programmes officiels concoctés par les organisateurs et dont la portée est mixte (commerciale, support publicitaire, technique…), et, en marge de l’ordre du jour, les discussions libres entre participants sont souvent profitables, des fois des festivals de prétérition et une surabondance de subjectivité. Beaucoup de choses s’y disent sur les techniques, la production en perspective, le marché, les bioagresseurs, etc. Globalement, on prétend connaitre ces derniers, les maitriser, sauf qu’ils le sont peu ou pas. Les causes supposées du pullulement du carpocapse l’été 2015 dans la région d’Immouzzer sont un franc exemple. Il est vain de les reprendre toutes, nos techniciens sont doués pour produire des discours à partir des événements les plus minces. Cela étant rappelé, après décantation, les discussions colportées sur la difficulté de combattre le carpocapse fournissent au moins deux questions à vérifier : le carpocapse est-il seul à sévir dans les vergers ? Pourquoi les pièges indiquent des captures faibles alors que les dégâts sur fruits sont importants ?

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En toute logique, ces deux questions associées laissent supposer qu’il y a plus d’une espèce en cause : le carpocapse piégé sexuellement et une autre aux dégâts voisins mais réfractaire au piégeage sexuel en raison de la spécificité de la phéromone utilisée.

Pour répondre validement à la première interrogation, je comptais avoir des échantillons de larves et de dégâts, des photos… Je n’ai rien reçu. Chez nous la verbosité remplace les avantages de la minutie et de l’efficacité. Pour ma part, intrigué, j’ai examiné quantité de larves récoltées à Azrou, je n’ai rien repéré de particulier. Aucune conspiration entomologique ! Dans les quelques vergers fréquentés, le carpocapse demeure la seule bête incriminée. Néanmoins, il est grand temps d’expliquer que les problèmes risquent d’évoluer avec l’extension que connait le verger national.

Dans un article antérieur de cette même revue, j’avais signalé la recrudescence de quelques lépidoptères qui n’ont jamais été aperçus comme des ravageurs de premier plan dans nos plantations fruitières et dont les toutes premières fâcheuses manifestations ont eu lieu au printemps-été 2011 du côté d’Agouraï et dans une moindre mesure à Azrou : les Tordeuses des buissons (Archips rosanus L., A. xylosteanus L. et A. crateaganus Hb). Aujourd’hui, je n’ai pas besoin de croire, pas envie d’être sûr ; la probabilité de voir la tordeuse orientale, Grapholita molesta, accompagner le Carpocapse dans son action ravageuse est très grande.

 

Comment reconnaitre la larve du carpocapse de celle de la Tordeuse orientale ?

Nous résumons ci-après les caractéristiques des larves permettant de différencier les deux espèces :

 

Carpocapse Tordeuse orientale
Longueur dernier stade 18-20 mm 12-14 mm
Couleurdu corps Rose clair Blanc rosâtre, corps cylindrique
Tête Brune Jaune brun clair avec des taches foncées
Plaque thoracique Brun clair Quadrangulaire, jaune blanchâtre
Plaque anale Brun clair Jaune clair
Pinacula Sombres, plus ou moins lavés

mais distincts

Clairs
Peigne anal Absent Présent
Dégâts Fruits des pomacées uniquement Amygdalées (pousses et fruits) et Pomacées
Cycle 2 à 4 générations/an Jusqu’à 6 générations/an selon les régions
Ponte Face inférieure des feuilles et sur fruits

troncs et branches lisses, œufs isolés

blanchâtres à jaune verdâtre

Faces supérieure et inférieure et fruits

Jaune verdâtres à orangé

Larve de Grapholita molesta                              Larve de Cydia pomonella

                                           

 

En l’absence de Grapholita molesta dans le verger, le complément d’éclaircissement à la deuxième question est que les captures des pièges sous des filets paragrêles sont généralement faibles car les filets freinent les vents et réduisent la diffusion des phéromones. Et pour la même raison, les papillons du carpocapse restent immobiles sous les filets. Le recours à l’utilisation de capsules surdosées semble permettre d’apprécier la présence réelle d’une infestation en verger couvert.

 

En conclusion, le piégeage sexuel seul est insuffisant. Il faut le soutenir avec le contrôle visuel sur fruits. Les contrôles doivent commencer généralement fin mai et se poursuivre régulièrement jusqu’à la récolte. Le contrôle consiste à compter 1000 fruits au hasard par variété. Les observations doivent être entreprises tous les 10 jours, ce qui permet de traiter en cas de ratage. Il faut penser installer aussi des pièges à tordeuse, c’est très utile pour la maîtriser victorieusement au tout début du vol.

 

 

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