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Maraîchage : Maladies de la pomme de terre

Pomme de terre

Le rendement bridé par les maladies cryptogamiques

Abdelmoumen Guennouni

Contrairement à l’Europe où la pomme de terre (Solanum tuberosum) est considérée comme une grande culture et limitée dans le temps, au Maroc c’est une culture  maraichère intensive irriguée produite dans toutes les régions du pays et tout au long de l’année (primeurs, saison, montagne). Cependant, avec une moyenne nationale ne dépassant pas 24 t/ha, le rendement reste trop faible par rapport aux potentialités qu’offrent les conditions de production dans notre pays. Parmi les nombreuses contraintes responsables de ce handicap, les maladies qui attaquent cette culture.

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Parmi les 160 maladies affectant la pomme de terre à l’échelle mondiale, une cinquantaine sont dues à des champignons (Cercosporiose, Charbon, Galles diverses, Oïdium, nombreuses pourritures, Rouilles, etc.). Ces maladies peuvent toucher tous les organes de la plante et causer des dommages économiques importants handicapant la rentabilité de la culture : diminution du rendement, destruction totale ou partielle de la récolte, baisse de la qualité, …

Au Maroc les maladies les plus répandues sont le mildiou, l’alternaria, le rhizoctone, le fusarium et le verticillium.

 

Mildiou 

Maladie cryptogamique répandue dans le monde entier et affectant de nombreuses cultures (tomate, vigne, tabac, …). Principal ennemi des cultures de pommes de terre, le mildiou est causé par Phytophtora infestans, champignon oomycète qui se conserve dans les tubercules infectés. Son développement est rapide et affecte essentiellement les parties herbacées. Il est favorisé par la température (15-25°C), l’humidité relative (80-90%), le temps nuageux et la pluie.

Au Maroc c’est la plus redoutable des maladies cryptogamiques pouvant causer, selon les conditions météorologiques et le taux d’infestation, des dégâts très importants (jusqu’à 80%).

Les symptômes de la maladie commencent par l’apparition, sur la face supérieure des feuilles, de tâches jaunâtres qui brunissent rapidement alors que, sur la face inférieure des feuilles, apparaît un duvet fin, blanc grisâtre. A partir de là sont disséminées (par le vent) des spores en nombre, le processus étant aggravé par une courte durée d’incubation. Les tiges attaquées noircissent et la plante peut être détruite en quelques jours.

Les tubercules présentent des tâches diffuses brunâtres sur l’épiderme, suivies durant le stockage, par un pourrissement complet (pourriture sèche)  qui s’étend profondément à l’intérieur. La chair présente des zones à texture granuleuse de couleur brun-rouille. Des pourritures secondaires s’installent par la suite.

 

Alternariose 

La maladie est due à un champignon ascomycète, Alternaria solani attaquant les plantes de la famille des solanacées (tomate, pomme de terre, aubergine, piment). Ses symptômes peuvent apparaitre à tous les stades du développement de la culture. Ils apparaissent essentiellement sur les feuilles (les inférieures en premier) sous forme de taches noires arrondies avec des cercles concentriques.  Le développement de l’infection et la dissémination des spores sont favorisés par la conjonction d’une humidité relative élevée avec une température variant entre 10 et 35°C. Faute de traitement, il peut s’ensuivre une défoliation de la plante après quelque temps (avec les dégâts qui en découlent) et des chancres peuvent apparaitre également sur les tiges. Les dégâts apparaissent aussi sur les tubercules sous forme de plages brunes plus ou moins enfoncées.

 

Rhizoctone noire

Appelée aussi Rhizoctone brun, c’est une maladie des plantes cultivées (la pomme de terre étant la plus sensible), due à un champignon Basidiomycète du sol, Rhizoctonia  solani. Il se développe dans des conditions de très faible température et d’humidité élevée

Les symptômes se manifestent par des chancres, des nécroses et des pourritures sur les organes des végétaux en contact avec le sol. Ils apparaissent sur  les tiges, provoquent aussi des nécroses des racines et causent la pourriture du collet. Sur les tubercules infectés, apparaissent des taches noires avec formation de sortes d’écailles brunes irrégulières, qui sont les sclérotes (formes de survie du champignon).

Les dommages se caractérisent par des manques à la levée, un retard de tubérisation, des baisses de rendement et une dépréciation de la valeur de la récolte

 

Trachéomycoses 

Comme leur nom l’indique, ce sont des maladies des plantes provoquée par des champignons se développant dans les vaisseaux du bois, provoquant leur bouchage (mycélium + substances défensives élaborées par la plante). Il en résulte une mauvaise nutrition des organes nourris par les vaisseaux touchés, un jaunissement, un flétrissement, voire la mort de la plante. Deux trachéomycauses peuvent attaquer la pomme de terre, la verticilliose et la fusariose : 

 

Verticilliose 

Causée par Verticillium albo-atrum ou V. dahliae, champignons telluriques ascomycètes phytopathogènes. Ils pénètrent dans les plantes par l’intermédiaire de petites blessures des racines et causent (entre 20 et 25°C) un jaunissement et flétrissement unilatéral typique des folioles (d’un seul côté de la plante). Plus tard, la plante se fane. Sur la coupe de la tige on note une coloration brune du système vasculaire. Les tubercules produits sont de petites tailles, flasques et ridés, présentant à la coupe un anneau brun sous l’épiderme.

 

Fusariose 

Causée par Fusarium spp. appartenant au groupe des champignons imparfaits ou Deutéromycètes, elle se caractérise par un flétrissement des feuilles qui gardent leur couleur verte et un brunissement des vaisseaux conducteurs au niveau de tige d’où le nom “Maladie du fil”. La maladie se manifeste par des tâches brunes légèrement déprimées, bientôt entourées par des rides concentriques, portant des coussinets blanchâtres.

 

Méthodes de lutte

 

Prévention

Avant de passer à la lutte chimique il est nécessaire de commencer par les méthodes culturales préventives pour empêcher l’installation et la germination des spores. Les principales d’entre elles commencent par :

  • une rotation culturale efficace en évitant que des solanées ne reviennent sur la même parcelle après plusieurs années (3 à 5).
  • de même on peut recourir à des variétés résistantes ou tolérantes à cette maladie, si elles existent,
  • utiliser des semences, de préférence sélectionnées, saines
  • brûler les résidus des cultures précédentes afin de diminuer l’inoculum primaire,
  • le terrain destiné à la culture doit être sain et éventuellement désinfecté et traité contre les nématodes
  • en outre, il est préférable d’éviter la salinité du sol et de l’eau d’irrigation.

 

En plus il est nécessaire d’améliorer les conditions de production :

  • augmenter l’espacement des rangs de plantation,
  • éviter les excès d’azote,
  • éliminer les plants malades,
  • éliminer les adventices et plants spontanés de PDT qui constituent un foyer de contamination,
  • effectuer un bon buttage,
  • éviter l’irrigation par aspersion 

 

La lutte chimique

Elle est basée essentiellement sur des pulvérisations de fongicides préventifs en période de risque, dès que les conditions climatiques deviennent favorables (pluies, humidité élevée et températures favorables, temps nuageux,­ pluie,­ brouillard, ­rosée fréquente, etc.) avec utilisation de produits organo-cupriques et de produits organiques de synthèse.

Une fois la maladie s’installe, il faut traiter à l’aide des fongicides systémiques en veillant à recouvrir de bouillie toutes les parties de la plante. Il est recommandé d’alterner les familles chimiques de produits de traitement afin d’éviter le phénomène d’accoutumance.

 

Protection contre les trachéomycoses

Les trachéomycoses sont des maladies très préjudiciables et difficiles à combattre et dans la majorité des cas, il est impossible de sauver une plante qui en est atteinte. Il n’existe pas de traitements chimiques pour lutter contre les verticillioses et les fusarioses. Seules les mesures préventives peuvent être préconisées (voir plus haut). En outre, la sélection pour l’obtention de végétaux résistants aux trachéomycoses (fusarium) est extrêmement complexe, et le résultat obtenu peut être remis en question par l’apparition de nouvelles races (variabilité).

 

 

 

 

 

 

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