Contrôle du mildiou de la pomme de terre
La campagne en cours a connu un début satisfaisant et prometteur pour le milieur rural et surtout les grandes cultures. En effet, les précipitations tant espérées par les agriculteurs, sont venues conforter leurs espérances en une année qui leur permettra d’oublier la précédente. Toutes les régions du pays ont été arrosées et ce, avec des quantités suffisantes. Cependant, ces précipitations peuvent aussi être source d’inquiétude pour d’autres agriculteurs. Ainsi, la pomme de terre peut souffrir de maladies cryptogamiques favorisées par l’hygrométrie et le climat doux. Parmi ces maladies, le mildiou auquel les agriculteurs devraient faire attention.
Le mildiou est une maladie causée par le Phytophthora infestans, répandue dans le monde entier. Considéré comme le principal ennemi des cultures de pommes de terre, le mildiou évolue très rapidement et sur de grandes distances quand les conditions lui sont favorables : pluie, taux d’humidité élevée et températures. Le mycélium se développe alors sous les feuilles et produit des spores qui vont assurer sa propagation. On estime le coût annuel des dommages causés par le mildiou à travers le monde à quatre milliards de dollars.
La lutte contre cette maladie nécessite la mise en œuvre de multiples stratégies :
– une bonne connaissance de la maladie
– la surveillance continue des parcelles
– le bon choix des produits fongicides
Bien connaitre le mildiou
Cycle:
– Pour se développer (sporuler et germer) la spore a besoin d’humidité et de température favorables
– Une fois dans la feuille, l’humidité de celle-ci assure la survie du pathogène
– La durée d’incubation dépend de la température (15-20°C)
– La dissémination est occasionnée par :
* le plant contaminé
* les oospores contenues dans le sol
* le vent qui dissémine les spores produites, sur de longues distances
La pluie, la rosée, l’irrigation par aspersion et une humidité relative élevée (>90%) créent les conditions favorables au développement de la maladie.
Symptômes:
Le point d’infection sur les feuilles montre sur la face supérieure une tache jaune qui brunit rapidement et sur la face inférieure un duvet blanc grisâtre, en présence de conditions humides. Ces tâches se transforment en lésions nécrotiques qui tuent toutes les feuilles atteintes et s’étendent des pétioles à la tige pour finalement tuer toute la plante.
Les tubercules présentent des pourritures superficielles déprimées de couleur marron ou gris-violacé au contour mal défini. Sur une coupe, une chair marbrée de couleur rouille apparait et progresse vers l’intérieur du tubercule.
La lutte contre le mildiou
Vu sa courte durée d’incubation et sa sporulation très importante, ce champignon devra susciter le plus d’attention de la part des producteurs de pomme de terre. Le meilleur moyen de s’en protéger est d’adopter des mesures préventives pour empêcher l’installation et la germination des spores. D’une façon sommaire, la lutte contre les principales maladies fongiques de la pomme de terre se fait en plusieurs étapes :
Avant plantation
- Opter pour une rotation culturale entre les solanacées et les autres familles ;
- Eliminer les résidus des précédents culturaux (repousses et feuilles) et les mauvaises herbes (surtout de la famille des solanacées) ;
- Désinfecter les lieux qui ont servi au stockage des récoltes précédentes et l’outillage ;
- Choisir dans la mesure du possible une variété relativement résistante et une semence certifiée.
Après plantation
- Conduire la culture en butte ;
- Eviter l’irrigation par aspersion ;
- Eviter les excès d’azote ;
- Eliminer régulièrement les fanes et les plants malades.
La lutte chimique
Le choix du produit approprié (contact, systémique, etc.) pour lutter contre les maladies fongiques de la pomme de terre est régi par plusieurs paramètres, à savoir le stade de la plante, le but du traitement (préventif ou curatif) et l’étendue de l’aire de traitement (foyer ou général).
Les modèles d’aide à la prise de la décision de traitement, très utilisés dans les grands pays producteurs de la pomme de terre (Pays-Bas, Belgique, France, etc.), se basent essentiellement sur une bonne prévision des conditions climatiques, qui ne dépasse pas 5 jours dans les meilleurs des cas. D’autres paramètres sont pris en considération comme le niveau de résistance de la variété, le type du sol, le précédent cultural et le stade de la culture.
Les différents types de produits:
– Type 1 : Produits de contact sans protection des tubercules. Ils assurent une action préventive par destruction des spores lors de la germination
– Type 2 : Produits de contact ou assimilés, avec protection des tubercules. Forte action préventive sur les spores. Diminution du potentiel de germination. Action de protection du feuillage, des tiges et des tubercules
– Type 3 : Produits pénétrants ou translaminaires (pénètrent dans la plante) avec ou sans rétroaction (curativité). Action de protection du feuillage, des tiges et des tubercules.
L’efficacité de la protection fongicide dépend :
– de la qualité de l’application : pression, volume, vitesse, et type de buses ;
– des conditions météorologiques ;
– du choix du fongicide : différentes propriétés seront requises tout au long de la saison de culture, selon le stade phénologique, la pression de la maladie et l’état sanitaire du champ ;
– du moment d’application à Intérêt d’un système d’avertissement.
Vis-à-vis du consommateur un programme de gestion intégrée de la production et de la protection doit être mis en place pour faire face à l’ensemble des contraintes et offrir un produit de qualité avec peu ou pas de résidus. Pour la production destinée à l’export des cahiers de charges sont établis et respectés alors que le marché local, moins strict, nécessite aussi plus d’efforts pour un meilleur respect du consommateur et de l’environnement.
Recommandations
- Toujours supposer que la maladie est présente ;
- Inspecter les semences et écarter tout tubercule suspect ;
- Utiliser un traitement fongicide pour les semences. Selon des études, ce traitement serait efficace pour réduire le risque de propagation pendant le tranchage et la plantation ;
- Détruire les repousses de pommes de terre ;
- Vérifier fréquemment les prévisions et des éclosions de la maladie ;
- Vérifier de près les champs pendant toute la saison ;
- Porter une attention particulière aux endroits plus enclins à des taux élevés d’humidité pendant de longues périodes, les dépressions et le long des lisières d’arbres, etc.
- Enterrer tous les déchets ;
- Détruire immédiatement toutes les plantes infectées;
- Avertir les voisins de tout problème ;
- Vérifier fréquemment le fonctionnement du pulvérisateur, ses buses et l’étalonnage ;
- Au besoin, adopter une stratégie de protection vigoureuse tôt dans la saison ;
- Appliquer toutes les quantités de fongicide indiquées ;
- Confectionner une butte assez haute.
Recherche de variétés résistantes
L’Allemagne, au moyen d’un nouveau projet de recherche, part en guerre contre cette maladie, et ambitionne de développer une variété de pomme de terre, résistante au Phytophthora. Pour mener à bien cette recherche, les experts allemands du sujet vont former un groupe de travail comprenant: instituts de recherche, instituts de génétique végétale, sélectionneurs, associations de protection de la nature, … qui seront impliqués dans cette étude.
Actuellement, plus de 100 variétés de pommes de terre sont cultivées sur des parcelles expérimentales. Le matériel utilisé pour la culture des différentes variétés de plants provient directement des entreprises de sélection. De plus, les instituts de recherche disposent d’un certain nombre de variétés prometteuses, dont des spécimens âgés de plus de 250 ans. Les chercheurs souhaitent également utiliser le matériel disponible pour une étude au niveau moléculaire, afin de mieux comprendre la diversité génétique des pommes de terre disponibles, et notamment définir le potentiel des gènes contrôlant la résistance. Le projet devrait servir de base à la culture future de diverses variétés résistantes au Phytophthora tout en respectant pleinement le goût familier de la pomme de terre.
Source : Bulletins Electroniques
Évitez toute condition propice à la propagation du mildiou
- Ne faites pas les récoltes quand l’environnement est humide. S’il se met à pleuvoir, cessez la récolte.
- Manipulez les tubercules de façon à minimiser les meurtrissures – les blessures favorisent les infections.
- Enlevez le plus de terre et de rebuts possible.
- Aérez les locaux : Le manque de courant d’air dans les entrepôts favorise l’apparition de points chauds et la décomposition des tubercules.