La miniaturisation des systèmes informatiques et des caméras ouvre la voie à l’utilisation de robots capables d’effectuer des tâches pénibles.
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Naïo est une petite start-up toulousaine qui croit beaucoup à son avenir. Elle propose une machine de désherbage appelée OZ qui reconnaît les rangs de culture, bine entre deux et sait faire demi-tour au bout du champ. “Ces machines sont aujourd’hui abordables grâce à la baisse des prix des caméras nécessaires pour la reconnaissance de l’environnement” expliquent les jeunes promoteurs de cette technologie. Le rôle des informaticiens est de relier la production des images à une centrale informatique de commande via des algorithmes qui constituent la vraie richesse de Naïo. Le marché visé est celui des maraîchers bio qui n’ont que le binage pour lutter contre les mauvaises herbes. Le robot opère un travail fastidieux et peut fonctionner la nuit pour peu qu’on ait songé à recharger ses batteries. L’agriculteur peut également lui faire porter des paniers lors de la récolte. L’argument ultime étant en effet qu’il permet de lutter contre les troubles musculo-squelettiques qui affligent les paysans.
” Mais on cherche aujourd’hui à faire beaucoup mieux, assure Roland Lenain, qui dirige à l’Irstea l’unité Robotique et Mobilité pour l’environnement et l’agriculture (ROMEA). En utilisant d’autres outils comme le laser, le GPS et différents capteurs d’humidité, de chaleur, etc. On peut multiplier les applications “. Avec, équipé d’un GPS, le robot sait en permanence où il se trouve dans la parcelle, n’oubliant ainsi aucun rang et ne dérivant pas en cours de travail. Il peut signaler l’emplacement d’objets oubliés ou étrangers, et même changer de parcelles… à condition de ne pas passer par une route ouverte à la circulation. “Les capteurs peuvent également signaler l’émergence d’une maladie, détecter un manque d’eau ou d’engrais, voire instaurer un traitement phytosanitaire ciblé sur les seules parties de la plante touchées ” ambitionne Roland Lenain.
Libérer l’agriculteur des tâches fastidieuses
En multipliant les couches technologiques, les possibilités semblent infinies pour décharger l’agriculteur des travaux routiniers afin qu’il se consacre à la partie “noble” du métier. Son intervention se limiterait aux alertes que le robot lui enverrait sur son smartphone.
Les maraîchers et viticulteurs sont vraisemblablement des pionniers de la robotisation. Mais les grandes cultures (blé, maïs, colza, tournesol) devraient également être concernées à terme. La recherche investit ainsi beaucoup de temps sur le pilotage des tracteurs. “Les cabines des tracteurs actuellement sur le marché comportent déjà beaucoup d’informatique renseignant sur les teneurs en azote des sols. Le GPS et les caméras embarquées sont désormais des équipements de base” fait remarquer Roland Lenain. Pour augmenter l’efficacité des passages en champ, le programme européen RHEA explore la possibilité de faire travailler simultanément en rangs des flottes de robots, diminuant ainsi le temps de semis ou de traitement des récoltes. “On peut imaginer que ces matériels soient partagés par plusieurs exploitations puisque le temps des travaux serait diminué” imagine Roland Lenain. Les drones pourraient même être appelés à la rescousse. Ceux-ci pourraient coordonner le travail des robots au sol, leur indiquer la présence des végétaux à respecter grâce à l’imagerie infra-rouge et leur envoyer la cartographie des zones plus pauvres en azote où il convient d’augmenter la dose d’engrais.
Emerge ainsi une autre idée du machinisme agricole. Alors qu’il n’existait que des tracteurs de plus en plus lourds et de plus en plus puissants ayant le gros défaut de tasser les sols, arrivent de petits engins intelligents et autonomes.
Source : Loïc Chauveau, Sciences et Avenir