BLÉ TENDRE : LUTTER CONTRE LES MALADIES PAR LA RÉSISTANCE VARIÉTALE
En juillet dernier, les professionnels du monde agricole ont présenté leur « contrat de solutions » pour diminuer l’usage des produits phytosanitaires, bâti autour de 36 fiches. Nous vous proposons de revenir sur celles qui concernent les grandes cultures. L’une d’entre elles porte sur le développement des variétés résistantes aux maladies pour réduire l’usage de fongicides sur blé tendre.
Protéger tout en limitant le recours au produits phytosanitaires
Les attaques de pathogènes constituent un des principaux facteurs limitants de la production de céréales à paille en France, notamment celle du blé tendre. Les pertes engendrées par les maladies sur le rendement des céréales à paille peuvent aller jusqu’à 40 % du potentiel en cas d’attaques sévères et combinées de différentes maladies.
La protection phytosanitaire contre les maladies fongiques représente un poste important dans l’itinéraire technique, avoisinant 1,6 IFT pour le blé en moyenne sur la France. Pour certaines maladies comme les mosaïques, la lutte repose uniquement sur la génétique.
Au regard de ces éléments, l’obtention, l’emploi et la pleine valorisation des résistances des variétés de blé tendre vis-à-vis du cortège de pathogènes en France sont, et seront encore plus à l’avenir, des leviers majeurs de la protection intégrée des cultures. Le contrat de solution rédigé par 40 partenaires du secteur agricole encourage les démarches d’amélioration des plantes.
Développer la recherche et l’utilisation de variétés résistantes
La solution est basée sur l’usage généralisé de variétés de blé tendre résistantes aux maladies par les agriculteurs.
Le marché des semences de blé tendre propose actuellement des variétés présentant des profils de résistance variés selon les pathogènes. Des variétés à profils de résistance intéressants à la septoriosesont présentes depuis quelques années. En outre, les progrès de la génétique (identification récente de plusieurs gènes de résistances) laissent encore espérer d’autres avancées.
En ce qui concerne la rouille brune et la rouille jaune, leur situation est similaire : de nombreux gènes de résistances sont connus et identifiés dans les variétés actuellement proposées. Plusieurs présentent des niveaux de résistance très intéressants.
Pour la fusariose de l’épi, la recherche de variétés résistantes est actuellement un des enjeux de la sélection variétale. Quelques variétés présentent des profils intéressants en la matière.
A la fois pour des raisons agronomiques, économiques et environnementales, la résistance aux maladies est un des principaux critères de choix des variétés de blé tendre par les agriculteurs. En se basant sur les surfaces de multiplication des variétés de blé tendre de 2011 à 2015, le taux d’utilisation actuel de variétés de blé tendre assez résistantes aux maladies est estimé à environ 30 %.
Impact potentiel de la solution
Baisse de l’IFT fongicide estimée à environ 0,24 (par rapport à un IFT moyen actuel proche de 1,6, et dans le cadre d’une valorisation correcte des résistances variétales aux maladies fongiques).
Objectif 2021 : 50 % de variétés assez résistances cultivées en France
La mise en place de la solution proposée repose essentiellement sur : le soutien et le développement des dispositifs d’acquisition de références pour caractériser les variétés de céréales à paille vis-à-vis des résistances aux pathogènes, la diffusion de l’information via des canaux de diffusion efficaces, et le développement des actions de gestion de la durabilité des résistances.
A échéance 2021, l’objectif d’un taux d’utilisation de 50 % de variétés assez résistantes aux maladies semble atteignable.
Les indicateurs de déploiement de la solution se basent sur les statistiques de multiplication des variétés assez résistantes aux maladies et sur les données d’enquête de pratiques culturales indiquant le taux d’utilisation de variétés résistantes et la prise en compte de ce caractère dans le raisonnement de la protection phytosanitaire par les agriculteurs.
Le contrat de solution en bref
Le contrat de solutions est le fruit de l’engagement de 40 partenaires du secteur agricole. Il traduit leur volonté d’amplifier et accélérer la diminution de l’usage des produits phytosanitaires mais aussi d’intégrer les innovations combinées proposées par la R&D, la technologie, l’agronomie, les démarches de filière, le conseil et la formation, tout en continuant à assurer un haut niveau de sécurité alimentaire. Le premier contrat proposé en juillet 2018 se décline en 36 solutions matures et déployables à court et moyen terme, avec des soutiens adaptés. Chaque solution fait l’objet d’une fiche qui décrit « l’état des lieux, la réduction envisagée, les freins à lever, le déploiement dans le temps, et les engagements des filières. »
Ce contrat sera enrichi tous les 6 mois par de nouvelles solutions et l’évaluation des actions identifiées avec un suivi des indicateurs de déploiement. Ces résultats seront présentés aux Parlementaires et aux ONGE et associations de consommateurs intéressées.