A LA POURSUITE DES LARVES DE DORYPHORES
Importé d’Amérique du Nord, à l’origine de son nom vernaculaire anglophone Colorado beetle, le doryphore de la pomme de terre est arrivé en France dans les années 1920.
Ce coléoptère consomme essentiellement le limbe des feuilles de pomme de terre et autres solanacées (tomate, aubergine, poivron, morelle…). Les larves et les jeunes adultes sont très voraces : 100 doryphores au cours de leur vie dévorent près d’un demi-kilogramme de végétal.
En cas de forte invasion, le rendement des pommes de terre est très réduit (jusqu’à 50 % pour 40 larves par plante).
Un cycle biologique de 5 à 6 semaines
L’apparition très échelonnée des adultes commence à partir d’avril. Dès que la température du sol dépasse 10°C, les survivants qui ont hiberné en profondeur sortent de leur période de diapause. Les doryphores adultes sont très mobiles et peuvent parcourir plusieurs dizaines de kilomètres. Les œufs, de teinte rose orangé, sont déposés le plus souvent par paquets de 20 à 50 à la face inférieure des feuilles ou sur le sol.
Ils éclosent au bout d’une huitaine de jours. Le développement des larves dure trois semaines environ puis elles s’enfouissent dans le sol et se nymphosent pour donner un adulte de première génération. La durée du cycle étant de 5 à 6 semaines, il peut y avoir une deuxième génération, en particulier dans le sud de la France.
Tableau 1 : Clés d’observation pour reconaître le doryphore à tous les âges
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Attention à ne pas confondre la larve de doryphore et la nymphe de coccinelle à 7 points
La larve de doryphore est bien orangée avec des ponctuations latérales noires. De son côté, la nymphe de coccinelle à 7 points est grise avec des taches orangées et deux rangées de ponctuations noires sur le dessus, immobile et fixée à la feuille. De plus les œufs de coccinelle sont plus petits et plus allongés.
Quand et comment intervenir ?
La lutte vise prioritairement les larves, moins mobiles et plus sensibles aux insecticides que les adultes.
Le traitement peut être déclenché dès l’observation de 2 foyers pour 1 000 m² (1 foyer = 1 ou 2 plantes avec au moins 20 larves). Les doryphores arrivant dans les parcelles par les bordures, les observations se font en parcourant 100 m de bordure par 10 m de large (soit 1 000 m²).
Si les larves sont petites (moins de 5 mm, soit plus petite qu’un grain de riz), il est possible d’utiliser la lutte biologique avec Bacillus thuringiensis. Lorsque les larves atteignent la grosseur d’un grain de blé, une intervention à base de pyréthrinoïdes ou d’organophosphorés peut s’envisager. Parmi les insecticides très efficaces, on peut notamment citer Actara, Coragen, Proteus, Success 4.
Concernant Novodor FC, produit à base de Bacillus thuringiensis, il ne peut être efficace avec une seule application ; il doit être appliqué tous les 5 jours environ lorsque les larves s’alimentent.
Bien que les larves plus âgées soient les plus résistantes, elles sont situées sur la partie supérieure des feuilles et sont donc plus faciles à atteindre que les jeunes larves localisées sur la face inférieure.
Il peut être nécessaire de réaliser un traitement dirigé contre les adultes d’été pour éviter une sortie importante au printemps suivant. Lorsque la seconde génération est en nombre, un troisième traitement peut être nécessaire.
Tableau 2 : Insecticides en végétation autorisés sur doryphore de la pomme de terre
Source : dépliant ARVALIS novembre 2018
Quelques mesures prophylactiques
Toutefois, pour réduire les populations, il faut en premier lieu mettre en œuvre des mesures prophylactiques :
• Rotation de pomme de terre tous les 4 ans pour éliminer les adultes hivernant dans le sol.
• Élimination des repousses et des tas de déchets, où les premiers doryphores se concentrent et s’alimentent.
• Absence de travail du sol en été pour entraver, par le maintien d’une terre dure, la pénétration dans le sol des larves.
• Plantation précoce pour limiter l’infestation car le feuillage plus âgé au moment des attaques sera moins appétant.