La sécheresse : causes et conséquences
Les sécheresses font plus de victimes et provoquent plus de déplacements de populations que cyclones, inondations et séismes réunis. Ces catastrophes naturelles, moins spectaculaires, sont pourtant moins médiatisées.
Depuis les années 1970, les superficies touchées par la sécheresse ont doublé, et ce sont souvent les femmes, les enfants et les personnes âgées qui payent le plus lourd tribut.
A ce jour, 168 pays (sur 197) se disent touchés par la désertification, processus de détérioration des sols dans les régions arides qui se répercute sur la production alimentaire et qui est exacerbé par la sécheresse.
Sécheresse : définition
D’après la définition des climatologues, on parle de sécheresse lorsqu’il n’y a pas eu de précipitations sur une zone pendant une longue période. La sécheresse ne sera pas déclarée de la même façon selon les pays et leur climat; par exemple :
- en France, on parlera de “sécheresse absolue[1]” lorsqu’il n’y aura pas eu de pluie pendant 15 jours consécutifs au minimum ;
- aux Etats-Unis, si une zone étendue reçoit seulement 30 % de précipitation ou moins que d’habitude pendant au moins 21 jours, alors on parlera de sécheresse ;
- en Australie, lorsque qu’un terrain reçoit moins de 10 % de précipitation par rapport à la moyenne annuelle, il est déclaré en état de sécheresse ;
- en Inde, il faut que les précipitations annuelles soient inférieures de 75 % aux normales saisonnières.
La sécheresse ne doit pas être confondue avec l’aridité[2]. En effet, une région aride peut connaître des épisodes de sécheresse. Le manque de pluie sera une caractéristique permanente du climat de la zone aride. Il s’agit généralement de régions où la pluie est rare et les températures sont élevées. La sécheresse sera donc un phénomène ponctuel sur une zone.
Les différents types de sécheresse
Il existe plusieurs types de sécheresses :
- la sécheresse météorologique correspondant à un déficit prolongé de précipitations ;
- la sécheresse agricole qui se caractérise par un déficit en eau dans les sols d’une profondeur maximale de 2 mètres, qui a un impact sur le développement de la végétation. Ce type de sécheresse va dépendre des précipitations reçues sur la zone, ainsi que de l’évapotranspiration[3] des plantes. Cette sécheresse sera donc sensible au climat environnant, soit l’humidité, les précipitations, la température ambiante, le vent mais aussi le sol et les plantes ;
- la sécheresse hydrologique se manifeste lorsque les cours d’eaux (nappes souterraines, lacs ou rivières) montrent un niveau anormalement bas. Les précipitations vont être un facteur clé, mais aussi du type de sol contenant les cours d’eau, selon s’il est perméable ou non ce qui va jouer sur l’infiltration et le ruissellement de l’eau.
Comment fonctionne la recharge des nappes ?
“La recharge des nappes est assurée par les pluies d’hiver, en général de novembre à avril. Lorsque la végétation est en dormance, les pluies s’infiltrent vers les nappes. Dès que la végétation reprend, les pluies qui s’infiltrent sont reprises par les racines des plantes. En hiver, le déficit pluviométrique a un impact direct sur la recharge.” nous explique Violaine Bault, Hydrogéologue au BRGM.
Elle ajoute : “les principales nappes du territoire se comportent comme des “éponges”: elles présentent des fluctuations inertielles qui s’étendent plusieurs années. La plupart des grandes nappes du territoire, notamment dans les bassins aquitains et parisien (craie, calcaires de Beauce…), ont les capacités de subir un automne-hiver sec. Une succession de recharge déficitaire aura un impact à long terme sur le niveau de ces nappes car il faudra également plusieurs automnes-hivers arrosés pour retrouver des niveaux hauts. Concernant les nappes réactives (socle du massif armoricain et du massif central, sables, calcaires, alluvions), leurs fluctuations sont marquées par la pluviométrie. Une recharge déficitaire a un impact sur l’année à venir, avec des niveaux dégradés.“
Les causes des sécheresses
Le manque d’eau est la principale cause de la sécheresse. Lorsque l’hiver ou le printemps n’ont pas été suffisamment pluvieux, les réserves d’eau (superficielles ou souterraines) ne sont pas assez remplies.
Le manque d’eau accompagné de températures élevées – en été – va accentuer le phénomène de sécheresse car il y aura davantage d’évaporation et de transpiration des plantes (évapotranspiration) ce qui assèche les sols.
Pour être dans des configurations de sécheresse, il faut donc qu’un certain type de temps persiste. Les dépressions sont des phénomènes climatiques (des masses d’air froides et humides ascendantes) qui engendrent des précipitations. Les anticyclones (masses d’air descendantes) vont favoriser l’apport d’air chaud et sec, donc pas de précipitations. Ainsi, pour être dans un état de sécheresse, il faut qu’un anticyclone soit présent pendant une certaine période de temps.
Le manque d’eau et les températures élevées sont des causes naturelles de la sécheresse.
Toutefois, les activités humaines vont accentuer la sécheresse. En effet, le manque d’eau va créer un déficit dans les réserves et si ces dernières sont mal gérées, la sécheresse sera d’autant plus marquée.
L’agriculture, les usines, et les habitations nécessitent un apport en eau important. Seulement, tout n’est pas “nécessaire” à l’Homme et trop souvent, les consommations sont excessives.
En outre, les cultures ne sont pas toujours adaptées au terroir et aux conditions climatiques locales, de sorte qu’elles vont épuiser la ressource en eau tout en nécessitant une importante irrigation, comme l’illustre le maïs en France qui est cultivé dans des zones bien trop séches et donc inadaptées.
Ainsi, des restrictions d’eau doivent être mises en place pour ne pas abaisser encore plus le niveau des nappes phréatiques et les cours d’eau qui étaient déjà déficitaires.
Les mesures mises en place en cas de sécheresse
Les risques encourus en cas de sécheresse sont principalement le manque d’eau pour la population, mais aussi pour l’agriculture, les animaux et la flore environnante.
Ainsi, pour lutter contre ces risques, quelques mesures peuvent être mises en place :
- constructions de puits, aqueducs ou barrages ;
- transvasements de provisions d’eau pour augmenter l’offre de ressources existantes ;
- épurations des eaux usées, surexploitation des aquifères[4] ;
- dessalage de l’eau de mer ou des eaux saumâtres[5] continentales ;
- augmentation artificielle des précipitations (relargage de différents aérosols dans les nuages afin de condenser la vapeur d’eau en eau liquide disponible pour avoir plus de gouttes de pluie).
- recouvrement des réserves d’eau potable par des millions de balles noires comme en Californie.
Quelques mesures d’exploitation durable :
- adaptation des cultures et pratiques agricoles afin de diminuer leur consommation en eau, y compris dans le jardin et potager ;
- optimisation de l’usage de l’eau en zone urbaine ;
- éducation environnementale, communication et prévention pour un usage rationnel de l’eau chez les particuliers.
Où sont situées les sécheresses les plus importantes dans le monde ?
Les sécheresses sont des phénomènes ponctuels, qui nécessite une météo particulière pour qu’elles apparaissent. Ainsi, presque tous les pays peuvent être touchés par la sécheresse s’ils subissent un manque de pluie pendant une certaine durée, accompagnés aussi par des températures chaudes. Seules les zones polaires et subpolaires ne peuvent connaître de sécheresse car elles sont entièrement recouverte de glace.
Les zones tropicales et subtropicales (au niveau des tropiques du Cancer et du Capricorne) sont celles qui sont le plus régulièrement touchées par la sécheresse dû à leur position géographique qui leur confère un climat chaud et sec.
Les dernières sécheresses en date ont concerné le Sahel et la région de la Corne de l’Afrique, les États-Unis d’Amérique, le Mexique, le nord-est du Brésil, certaines régions de Chine et d’Inde, la Fédération de Russie et l’Europe du Sud-Est. C’est dans les zones arides que l’on trouve les pays les plus vulnérables, notamment en Afrique et en Asie occidentale où les populations les plus démunies sont particulièrement exposées.
Les conséquences des sécheresses
“Bien que prévisible, la sécheresse est la catastrophe naturelle la plus coûteuse et la plus meurtrière de notre époque. La décision d’en atténuer les effets relève en dernier ressort du pouvoir politique. Il appartient aux gouvernements de tous les pays exposés à ce fléau d’élaborer et de mettre en œuvre, en les adaptant au contexte national, des politiques de lutte contre la sécheresse axées sur les alertes précoces, la prévention et la gestion des risques“, a fait valoir le Secrétaire exécutif de la CNULCD, Luc Gnacadja. “Le coût des interventions a posteriori est bien plus élevé que celui de la gestion des risques et des mesures d’anticipation. Aussi faut-il agir sans attendre les prochaines sécheresses et leur cortège de famines et de décès.” a-t-il ajouté.
Les principales conséquences de la sécheresse sont :
- Sur la population : la santé des enfants et des personnes âgées est très fragile et sensibles aux fortes chaleurs car ils n’ont pas le réflexe, ni l’envie de boire pour lutter contre leur déshydratation qui peut tuer ;
- sur la faune : de même que pour la population, un manque d’eau affecte les poissons vivant dans l’eau, mais aussi les animaux qui s’abreuvent aux points d’eau ;
- sur les forêts : la sécheresse va rendre les arbres plus secs et déshydratés ce qui peut causer leur mort. De plus, une végétation très sèche sera propice aux départs de feux ;
- sur l’agriculture : l’irrigation des cultures (tel que le blé en France) est affectée par la sécheresse car les réserves d’eau sont faibles ;
- sur les sols : en automne, les sols asséchés, qui ont pourtant besoin de se recharger en eau, ne vont plus pouvoir absorber les précipitations, créant des inondations et glissement de terrain ;
- sur les réserves d’eau potable : l’alimentation et l’évacuation des eaux ménagères ne se font pas correctement, car le niveau des rivières, des fleuves et des nappes est très bas. Dans certaines zones rurales, l’eau est rationnée ou coupée ;
- sur la production d’électricité : l’eau est utilisée pour refroidir certaines centrales nucléaires, elles sont donc mises à l’arrêt pendant les sécheresses et périodes de canicule alors que la demande en électricité augmente : climatisation, ventilateur, réfrigérateur qui nécessitent beaucoup d’électricité.
Les conséquences de la sécheresse peuvent perdurer longtemps après le retour des pluies : denrées alimentaires rares et chères, ressources en eau peu abondantes, sols érodés et bétail affaibli, sans parler des conflits juridiques et sociaux qui peuvent persister des années durant. Les sécheresses sont souvent suivies d’inondations de grande ampleur qui surprennent les populations au moment où elles sont les plus vulnérables, entraînant un surcroît de souffrances.
Enfin, la sécheresse assèche les sols et altère le bon développement de la faune et de la flore. Ainsi, les incendies sont souvent nombreux en période de sécheresse, et vont émettre des gaz nocifs qui vont polluer l’atmosphère et accentuer l’effet de serre. Avec le changement climatique planétaire, les phénomènes de sécheresse sont de plus en plus récurrents, il est donc important de savoir comment gérer les réserves dans ce cas et surtout, comment s’adapter à un climat qui change extrêmement vite.
Source : Notre planète info