Des botanistes et des physiciens viennent de découvrir comment l’adonis, la pivoine ou encore l’ursinia parviennent à se nimber de reflets bleus pour taper dans l’œil des abeilles.
Les abeilles raffolent du bleu. Pourtant, tinter ses pétales d’azur demeure un exercice difficile au pays des angiospermes – c’est-à-dire chez toutes les plantes à fleur. Heureusement, la biologie des couleurs ne se borne pas à la seule synthèse de pigments colorés. L’adonis d’été, la pivoine coralline ou encore l’ursinia ont ainsi évolué, chacune dans leur coin, vers une autre stratégie.
Quelle est-elle ? Rien de moins que de friper ses pétales de tous petits plis, de l’ordre du demi-micromètre voire du micromètre. A cette échelle, la peau ondulée des pétales agit alors comme un réseau de diffraction, et décompose la lumière blanche “façon prisme” – à la manière par exemple des irisations à la surface d’un CD.
Mais attention, pas n’importe comment : « Il nous est vite apparu que l’iridescence de ces pétales avait quelque chose de spécial», souligne Edwige Moyroud, première auteure de cette étude parue dans la prestigieuse revue Nature. « Quand nous avons étudié les propriétés optiques de ces stries, nous avons découvert qu’au lieu de produire toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, comme un CD, elles reflétaient avant tout les rayons bleus et ultraviolets. » Testée en laboratoire sur les abeilles – qui ont un goût inné pour le bleu et les ultraviolets – cette iridescence distinctive a effectivement fait… mouche.
C’est l’imperfection des plis des pétales qui crée ce bleu irisé
Fait remarquable : c’est précisément parce que ces minuscules plis des pétales se sont révélés être tout sauf une modèle de précision – taille, hauteur et même espacement des stries varient parfois du simple au double ! – que ce “halo bleu” existe. On parle alors de réflexion sélective : sur ce réseau imparfait, toutes les couleurs qui composent la lumière blanche se dispersent et se noient dans la tonalité dominante du pétale.
Toutes, à l’exception des petites longueurs d’ondes – des ultraviolets au bleu – qui sont concentrées et réfléchies à la verticale du point de réflexion. Les chercheurs ont démontré qu’une structure parfaite conduit en revanche à une diffusion totale et à l’absence du halo bleu. Comme quoi, les défauts font parfois bien les choses.
Source : Science & vie