L’industrie des agrumes au Maroc a connu des fluctuations significatives au cours de l’année commerciale 2023/24. Malgré des défis géopolitiques et climatiques, le secteur continue de s’adapter pour maximiser les opportunités d’exportation et satisfaire la demande locale. Ce rapport explore les tendances actuelles de la production et du commerce des agrumes, en mettant en lumière les défis rencontrés et les stratégies d’adaptation mises en place par les producteurs marocains.
Production
Les prévisions de production pour les mandarines/clémentines, oranges, citrons et jus d’orange restent inchangées par rapport aux prévisions du rapport annuel de décembre 2023. La production de mandarines/clémentines devrait atteindre 950.000 tonnes, celle des oranges 820.000 tonnes et celle des citrons/limes à 40.000 tonnes.
Toutefois, le secteur fait face à plusieurs défis importants. Deux saisons consécutives de faible production, causées par des températures élevées et une sécheresse persistante, ont gravement affecté la floraison et réduit les rendements. De plus, les vergers d’agrumes semblent subir les conséquences de ces aléas climatiques, avec des mentions d’abandon de vergers dans certaines régions, ce qui reflète la gravité de la situation.
Commerce
Les chiffres des exportations pour l’année commerciale 2023/24 ont été révisés à la baisse sur la base des données commerciales du bureau des changes du Maroc. Les exportations de mandarines et clémentines ont ainsi été révisées à 400.000 tonnes, celles des oranges ont diminué à 40.000 T et les exportations de citrons et limes ont été révisées avec une baisse significative à 4000 T.
L’analyse des tendances montre que les exportations de mandarines/clémentines sont fortement réduites en raison des problèmes géopolitiques et de la concurrence accrue d’autres pays producteurs comme l’Espagne, le Chili et la Turquie, qui bénéficient de nouvelles variétés plus tardives. Pour les oranges, les exportations ont fortement diminué en raison de la concurrence de l’Égypte et des prix élevés sur le marché local marocain. En ce qui concerne les citrons et limes, les chiffres des exportations ont été révisés à la baisse, avec une priorité sur le marché local en raison de prix favorables.
Il est clair que les événements géopolitiques, y compris les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient (fermeture du canal de Suez), ont considérablement impacté les exportations marocaines, notamment vers le Moyen-Orient et l’Asie, et entraîné une augmentation des coûts logistiques. Cependant, un nouveau marché s’ouvre pour le Maroc, avec le Brésil qui a autorisé l’importation d’agrumes marocains en avril 2024, offrant ainsi de nouvelles opportunités d’exportation.
Consommation
La consommation intérieure de jus d’orange et d’agrumes frais devrait légèrement augmenter en 2023/2024 malgré la baisse de production. Les exportateurs préfèrent privilégier le marché local en raison de prix attractifs. La consommation domestique estimée pour les mandarines et clémentines est de 550.000 tonnes, celle des oranges atteint 730.000 tonnes, et la consommation de jus d’orange est de 5000 tonnes.
Analyse
La filière agrumicole marocain fait face à des défis de production et de commercialisation, l’obligeant à s’adapter pour maintenir sa compétitivité sur les marchés internationaux tout en répondant à la demande locale.
La prévision semestrielle des agrumes de l’USDA pour le Maroc met en lumière des défis importants dans la filière des agrumes, principalement dus aux conditions climatiques et aux problèmes géopolitiques. Alors que la consommation domestique reste forte, les chiffres des exportations ont été révisés à la baisse en raison de la concurrence accrue et des défis logistiques. L’entrée sur le marché brésilien présente de nouvelles opportunités, mais la filière des agrumes doit relever les défis sous-jacents de production et de commercialisation, l’obligeant à s’adapter pour maintenir sa compétitivité et assurer sa durabilité sur les marchés internationaux tout en répondant à la demande locale.
Suggestions et recommandations
- Adopter des pratiques résilientes au climat : les températures élevées et les conditions de sécheresse ont gravement affecté la production, indiquant un besoin de pratiques agricoles capables de résister à ces conditions.
- Améliorer les systèmes d’irrigation : investir dans des systèmes d’irrigation efficaces pour atténuer les effets de la sécheresse.
- Diversification des marchés : Explorer de nouveaux marchés pour réduire la dépendance aux marchés traditionnels affectés par des problèmes géopolitiques.
- Soutien aux agriculteurs : la présence de vergers abandonnés est un signe de détresse sévère dans la filière des agrumes, nécessitant une attention immédiate. Fournir un soutien financier et technique aux agriculteurs, est nécessaire pour revitaliser l’industrie.
- Stratégies concurrentielles : développer des stratégies pour concurrencer les autres grands exportateurs comme l’Espagne, le Chili, la Turquie et l’Égypte.
La vigilance s’impose !
- Surveillance continue des conditions climatiques et adaptation des pratiques agricoles en conséquence.
- Surveillance des changements géopolitiques pouvant impacter les routes commerciales et les coûts.
- Assurer des politiques économiques favorables soutenant la compétitivité des exportations.
- Équilibrer les demandes du marché local et les opportunités d’exportation pour maintenir la stabilité du marché.
Source : USDA
