EIMA International : vers une agriculture connectée, durable et compétitive

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La 46e édition d’EIMA International, salon de référence pour la mécanisation agricole, s’impose cette année comme un lieu d’échanges sur les défis et opportunités de l’agriculture moderne. Les thématiques abordées – de la robotique et de l’intelligence artificielle aux crédits carbone et au renouvellement générationnel – témoignent de l’importance de l’innovation technologique pour répondre aux besoins d’une agriculture plus durable, rentable et résiliente. Les experts présents ont également abordé les enjeux commerciaux, en particulier les menaces potentielles liées aux droits de douane et la nécessité pour l’Europe de rester unie dans les négociations internationales. À travers les avancées en matière de froment hybride, de technologies 4.0, et de soutien à la transition énergétique, EIMA 2024 ouvre des perspectives cruciales pour la compétitivité et la durabilité de l’agriculture italienne et européenne.

La révolution des robots agricoles : rentabilité et durabilité au rendez-vous
La robotique redéfinit les pratiques agricoles, aidant les agriculteurs à réduire leurs coûts de production et à optimiser leurs opérations, tout en répondant à la pénurie de main-d’œuvre. Lors d’EIMA International, plusieurs conférences ont présenté les bénéfices des robots dans le domaine agricole, mettant en avant des innovations telles que l’agriculture de précision et les outils autonomes. En 2023, plus d’une centaine d’entreprises spécialisées dans la robotique agricole ont vu le jour à travers le monde, reflétant l’essor de cette technologie. Les robots équipés d’intelligence artificielle permettent des interventions précises, réduisant les ressources utilisées et l’impact environnemental des exploitations. Ils sont aussi capables de se perfectionner à partir de leurs erreurs, augmentant ainsi leur efficacité. Avec leurs applications variées, allant du traitement des cultures à la gestion des sols, les robots agricoles se positionnent comme des outils incontournables pour une agriculture plus durable et productive​

Intelligence artificielle : un levier stratégique pour l’agriculture de demain

À EIMA International, l’état actuel et les perspectives de l’intelligence artificielle (IA) ont été largement discutés, soulignant son rôle crucial dans la modernisation de l’agriculture. Le marché de l’IA en Italie a connu une croissance significative, passant de 218 millions d’euros en 2018 à 710 millions en 2023, mais l’Europe accuse toujours un retard par rapport aux États-Unis et à la Chine. Parmi les applications agricoles, l’IA permet désormais de détecter rapidement les maladies et carences des cultures grâce à la reconnaissance visuelle et d’automatiser des opérations telles que la récolte. Elle s’avère aussi très utile pour la sélection de fruits et légumes, améliorant ainsi la productivité et la qualité des processus de conditionnement. Giampaolo Barbieri, PDG de Barbieri srl et membre de FederUnacoma, a expliqué que l’IA représente une opportunité exceptionnelle pour les petites et moyennes entreprises, leur offrant une chance de croître et de générer davantage de revenus. Les progrès dans ce domaine, notamment dans la conduite autonome et l’aide à la décision, constituent un véritable “booster” pour la productivité agricole. EIMA International, en rassemblant divers experts et acteurs, montre comment cette technologie pourrait transformer durablement l’agriculture européenne et mondiale​.

Crédits carbone : une nouvelle opportunité pour l’agriculture

Lors de la deuxième journée d’EIMA International, la conférence « Crédits carbone, une opportunité pour tous les secteurs » a exploré le potentiel des crédits carbone pour les agriculteurs. Ces crédits, en plus de réduire l’empreinte carbone, constituent une source de revenu pour les agriculteurs grâce au « carbon farming », une pratique visant à stocker le carbone dans le sol et la végétation. Michele Pisante de l’Université de Teramo a souligné l’importance de suivre et vérifier les stocks de carbone organique dans les sols pour encourager les investissements dans des pratiques durables. Angelo Frascarelli de l’Université de Pérouse a précisé que le « carbon farming » permet aussi d’accroître la biodiversité, d’améliorer la résistance aux changements climatiques, et de renforcer la productivité des sols. Cependant, plusieurs étapes réglementaires sont encore nécessaires pour lancer le marché des crédits carbone en Europe, prévu pour début 2026, selon les récentes mises à jour du règlement CRCF. La combinaison de l’agriculture de précision et de conservation pourrait jouer un rôle essentiel dans la régénération des sols et la réduction des coûts.

Froment hybride : vers une expansion en Italie

Le froment hybride, bien qu’existant depuis plusieurs décennies, n’a pas encore connu une adoption massive en Italie, principalement en raison des coûts élevés et de la variabilité des rendements. À EIMA International, les dernières avancées en matière de génétique et de mécanisation ont été présentées par Rv Venturoli et Saaten Union, illustrant comment cette culture pourrait devenir plus rentable. Avec environ 12 000 à 15 000 hectares actuellement cultivés en Italie, de nouvelles techniques agronomiques et des machines de pointe promettent d’améliorer l’efficacité des cultures. En effet, les hybrides offrent des rendements potentiellement plus élevés, ce qui pourrait réduire les coûts pour les agriculteurs. Les tests de 2024 ont démontré que le froment hybride, associé à un traitement minimal du sol, pourrait être la meilleure option dans des conditions climatiques difficiles, comme celles de cette année. La mécanisation innovante joue également un rôle crucial, avec des semoirs performants capables de maximiser la productivité en adaptant les techniques aux particularités de cette culture​.

L’agriculture européenne face au risque de nouvelles barrières douanières

Lors de la troisième journée d’EIMA International, des parlementaires européens ont discuté des implications du Pacte vert et de l’élection de Donald Trump sur le secteur agricole européen. Paolo De Castro, président de Filiera Italia, a souligné les risques qu’une politique de droits de douane pourrait poser pour l’exportation agricole européenne, qui génère actuellement 200 milliards d’euros de chiffre d’affaires. D’autres intervenants, comme Massimiliano Giansanti, ont abordé les défis du Pacte vert et la nécessité de garantir des standards de qualité équitables pour éviter la concurrence déloyale. Carlo Fidanza a rappelé l’importance d’une approche unifiée au niveau européen dans les négociations commerciales pour éviter que des accords bilatéraux ne divisent l’Union. La discussion a également mis en avant la force des technologies européennes, que le secteur doit pouvoir valoriser sur les marchés internationaux sans entraves tarifaires. La délégation des parlementaires a ensuite visité les pavillons d’EIMA, témoignant de l’importance de l’innovation technologique dans le maintien de la compétitivité européenne​.

L’agriculture 4.0 en Italie : 2,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires

En seulement six ans, le secteur de l’agriculture 4.0 en Italie est passé d’un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros en 2017 à 2,3 milliards en 2024. Présentée à EIMA International, l’analyse de l’observatoire Smart Agrifood de l’École polytechnique de Milan met en lumière cette transformation, portée par plus de 400 entreprises qui utilisent des technologies avancées. Ces solutions comprennent principalement le contrôle à distance des cultures, la surveillance des sols et l’aide à la décision. Environ 75 % des innovations sont orientées vers la collecte et la valorisation de données, avec une forte utilisation de l’IdO et de logiciels de gestion. En parallèle, le projet européen QuantiFarm, qui implique 100 agriculteurs dans 20 pays, analyse les impacts de l’agriculture 4.0 sur la rentabilité, la durabilité environnementale et la qualité de vie des agriculteurs. Cette étude révèle que la gestion numérique des exploitations réduit non seulement les coûts d’eau, d’énergie et de carburant, mais améliore également l’équilibre entre vie professionnelle et privée des agriculteurs. Les données recueillies confirment l’importance de l’innovation technologique dans la compétitivité de l’agriculture italienne​.

Encourager la relève dans l’agriculture italienne

Le vieillissement des agriculteurs en Italie demeure un défi majeur, avec une moyenne d’âge de 63 ans et seulement 7,5 % des exploitations dirigées par des entrepreneurs de moins de 40 ans. Lors de la conférence à EIMA International intitulée « Le renouvellement générationnel dans l’agriculture », les participants ont abordé les actions nécessaires pour attirer davantage de jeunes dans ce secteur. La loi 36 de 2024, conçue pour soutenir les jeunes agriculteurs, inclut des subventions fiscales et des financements pour la formation, mais son efficacité reste limitée tant que les décrets d’application ne sont pas promulgués. Enrico Calentini, président de l’association des Jeunes entrepreneurs agricoles, a souligné l’importance de l’innovation technologique et de la durabilité pour attirer les jeunes. Les jeunes agriculteurs, plus enclins à utiliser des machines de dernière génération et à adopter des pratiques durables, sont essentiels pour assurer la modernisation et la compétitivité du secteur italien. La Confédération italienne des agriculteurs (CIA) a rappelé l’urgence de finaliser les financements de la loi 36, estimés à 200 millions d’euros, pour permettre aux jeunes de s’établir durablement dans l’agriculture​.

Mesure 5.0 : prolongement et hausse des subventions pour la transition énergétique
Lors de la conférence de presse organisée à EIMA, Massimo Bitonci, sous-secrétaire aux Entreprises et au Made in Italy, a évoqué la mesure 5.0, qui vise à soutenir la transition énergétique des entreprises italiennes grâce à des crédits d’impôt. Ce programme prévoit 6,3 milliards d’euros pour les investissements réalisés entre 2024 et 2025, couvrant jusqu’à 45 % des dépenses liées à la réduction de la consommation énergétique. Bitonci a annoncé que des négociations sont en cours avec la Commission européenne pour prolonger cette mesure jusqu’en avril 2026, afin de permettre aux entreprises de finaliser leurs projets. Il a également exprimé son intention d’augmenter les plafonds de dépenses et les taux de crédits d’impôt. Toutefois, les exigences procédurales ralentissent les demandes de financement, avec des certifications de consommation ex ante et ex post. Bitonci reste optimiste quant à une hausse des demandes dans les mois à venir, soulignant l’impact potentiel de cette mesure pour favoriser l’innovation et l’efficience énergétique dans le secteur agricole italien​.

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