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Produire les fruits et légumes de demain

Hydroponie, serres en surpression, l’agriculture du futur

Au salon Fruit Logistica de Berlin, s’exposaient début février 2017, des procédés très innovants pour une agriculture high-tech et bio à la fois.

Du désert australien à Hiroshima, du sud de la France au Mexique, des serres de plus en plus high-tech, où tomates et fraises rougissent sous le pilotage d’un ordinateur et sans pesticide, fournissent les fruits et légumes de demain. Sans énergie fossile, sans insecticides chimiques, sans eau douce, la ferme solaire de Sundrop Farms en Australie, lancée fin 2016, fait sortir des tomates du désert grâce à deux ressources naturelles gratuites, le soleil et l’eau de mer, dans un complexe unique au monde. Son constructeur, la société néerlandaise Van der Hoeven, l’a présenté début février 2017 au salon Fruit Logistica de Berlin. Avec le danois Al Borg, ils ont créé une ferme de 200 000 mètres carrés de serres de verre, entourée de 22 000 miroirs. Ils attirent les rayons du soleil en les concentrant au sommet d’une tour, sorte de bouilloire géante. Portée à 800 degrés, l’eau de mer se dessale. La vapeur d’eau, sans cesse réutilisée, sert aussi bien à alimenter une turbine qui génère de l’électricité qu’à rafraîchir la serre et à irriguer les plantes. Celles-ci grandissent sur des substrats de fibres de noix de coco ou de roche volcanique enrichis d’éléments nutritifs.

Van der Hoeven qui réalise 95% de son chiffre d’affaires de 70 millions d’euros à l’exportation, “est en train de négocier un projet similaire en Arabie Saoudite“, a indiqué à l’AFP Peter Spaans, son directeur-commercial. Si le projet semble avoir tout pour séduire, son coût est en revanche important : 100 millions d’euros environ. Pour garantir ce projet, les investisseurs ont dû obtenir d’un des clients de Sundrop Farms un engagement sur le prix de gros des tomates à trois dollars le kilo sur 10 ans, a confié un proche des négociations. Ce qui est impensable en Europe, où le prix de base est plutôt calé sur une fourchette entre 1 et 1,50 euro.

Bio mais cher

D’autres serres, aussi high-tech mais pas solaires, sont vendues sous toutes les latitudes: des steppes du Kazhakstan à Hiroshima au Japon, où un projet de 12 hectares doit voir le jour en septembre 2017. “Là-bas, l’enjeu est de deshumidifier, grâce à l’utilisation de matériaux hygroscopiques, des sortes d’éponges“, dit M. Spaams. “Au Mexique, dans une zone tropicale où l’humidité et les maladies afférentes obligeaient à un traitement chimique par jour en plein champ, les serres ont fait tomber la fréquence des traitements à un par mois !“, s’est félicité auprès de l’AFP Antoine Lepilleur, président de Richel Equipement, premier constructeur français de serres, parmi les cinq premiers mondiaux, basé à Saint-Remy de Provence.

Avec le changement climatique, on voit plus d’événements extrêmes“, ajoute M. Lepilleur, “des pluies en pleine saison sèche dans des zones où il ne pleuvait jamais“. “Tout un système de production peut s’effondrer d’un coup“, selon lui. Dans le sud de la France, Vincent Clément, jeune producteur de tomates en agro-écologie, sous le label Rougeline, s’est converti au système Van der Hoeven, baptisé “éco-serre”. “C’est une révolution comme on n’en a pas eu depuis 25 ans et comme on n’en aura pas d’ici 25 ans“, a-t-il indiqué à l’AFP. Elle évite les traitements insecticides. Quasi-hermétique, l’intérieur est maintenu en surpression, ce qui freine les entrées d’insectes extérieurs, ravageurs des plantes.

Ecosystème complexe

Les besoins en fongicides sont réduits car le climat sous serre est géré au dixième de degré par ordinateur, alimenté par une chaudière biomasse, en fonction des données météo. Et pas de traitement des racines, car les plants sont obtenus par greffage.

Du coup, Rougeline, qui aura 90 hectares en eco-serre d’ici fin 2017 chez ses paysans adhérents, lance cette année sa première tomate garantie “sans trace de pesticides“. Son concurrent de Bretagne, Saveol fait de même. Sous les serres, “un ecosystème complexe se crée“, selon Bruno Villa, président de Rougeline, grâce à l’introduction d'”une dizaine d’insectes” utiles. Les bourdons assurent la pollinisation. Les macrolophus (punaises, NDR) “aspirent les araignées“. Mais, à raison d’un million d’euro d’investissement par hectare, est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? “Nous avons encore du mal à expliquer le concept aux consommateurs, et à attirer une plus-value sur la vente de nos tomates“, reconnait Bruno Villa. “Et pourtant elles ont moins de pesticides que les espagnoles et plus de goût que les Hollandaises grâce aux sélections variétales pointues de nos semenciers“.

 

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